J ' AI OSÉ
J' envisage de publier un recueil de nouvelles dans quelques mois.
Vous pourrez y lire le texte ci-dessous : "J'ai osé" qui fut édité dans la revue littéraire : "Plaisir d'écrire" .
C’est en rangeant mon bureau que j’ai retrouvé ce cahier sur lequel, il y a vingt ans, j’avais écrit en détail, au crayon de papier, l’histoire d’amour que je vivais.
La lecture de ces deux cents pages m’a si vivement émue que j’ai décidé de taper ce texte pour qu’il ne s’efface pas.
Ce travail m’a replongée dans l’atmosphère d’une grande passion et, de plus en plus attendrie et bouleversée, j’ai songé au héros de mon « roman »… Rêveuse, je me demandais :
« Pense-t-il encore à moi parfois ? Quel genre de vie a-t-il ? Est-ce qu’il a essayé de me contacter ? Si oui, sans succès puisque j’ai changé de nom et d’adresses. Moi je pourrais plus sûrement le joindre car j’ai gardé le numéro de téléphone de l’entreprise où il travaillait. »
J’étais tentée de le faire mais la crainte du ridicule me freinait : l’appeler après tant d’années !
Pourtant, ce jour-là, alors que je déjeunais, que j’étais pressée, j’eus subitement une envie irrésistible de « renouer » et j’ai osé composer le numéro. Chaque sonnerie faisait sauter mon cœur comme autrefois et entravait ma respiration. J’allais raccrocher l’appareil quand j’entendis le premier « Allo ? » Au deuxième je reconnus sa voix, ce qui m’ôta la mienne pendant quelques secondes, puis je parvins à articuler :
- Bonjour ! Je suis une ancienne amie et j’ai eu l’idée de prendre de vos nouvelles …
Il coupa :
- Je crois savoir qui c’est !
Sur ma confirmation il enchaîna comme si nous nous étions quitté la veille. Durant quinze minutes nous avons reculé le temps.
Plusieurs fois nous avons renouvelé cette magie.
Ensuite, nous rencontrer devint indispensable et nous prîmes rendez-vous.
Ah ! Cet instant tellement attendu et un peu appréhendé où nous nous sommes revus ! Il n’avait pas grossi, son visage avait à peine changé et cependant, ce n’était plus vraiment lui.
Nous avons voulu jouer à « toi et moi » comme avant, mais ce n’était plus nous !
Lorsqu’il est reparti, j’ai amèrement mesuré mon âge pour la première fois. J’ai éprouvé le deuil de ma jeunesse, celui du bel amour de mes trente ans et…
j’ai regretté d’avoir osé !